Légende - Histoire De Tu Thuc - Tu Thuc Gap Tien
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Histoire de Tu Thuc
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Il y a plus de cinq cents ans, du temps où régnait le roi Trân Thuân Tôn, vivait un mandarin du nom de Tu Thuc.
Originaire de la province de Thanh Hoa, il fut envoyé à la tête de la circonscription de Tiên Du. Près de sa résidence se trouvait une vieille pagode, célèbre par une magnifique pivoine arborescente qui poussait dans son enceinte. Toutes les fois que l'arbre fleurissait, il attirait une foule de pèlerins et c'était une fête à chaque printemps.
Au deuxième mois de l'année Binh Ti, en plein jour de fête, on vit s'approcher une jeune fille de quinze a seize ans, d'une beauté sereine. En inclinant une jeune branche pour mieux admirer une fleur, elle la brisa. On ne la laissa pas partir.
Déjà, le soir tombait et nul parent ne s'était présenté pour dédommager la pagode et ramener la jeune fille, quand par hasard Tu Thuc passa. Dès qu'il eut appris ce qui était arrivé, il enleva sa robe de brocart et l'offrit en échange de la liberté de la jeune fille.
À partir de ce jour, tout le monde loua la bonté du mandarin.
Malheureusement, Tu Thuc n'aimait que la musique, le vin, la poésie et la nature. Il négligeait les devoirs de sa charge et encourait souvent les blâmes des mandarins supérieurs.
À la fin, il pensa tristement : ''Vraiment je ne saurais, pour quelques mesures de paddy, en guise de salaire, demeurer à jamais, enchainé dans le cercle des honneurs et des intérêts. Allons confier nos jours à la minceur d'une rame qui nous mènera vers les coins d'eau limpide et les montagnes bleues. Ainsi ne trahirons-nous pas les goûts secrets de notre coeur. ''
Dans chacune des excursions que ses longs loisirs lui permettaient, un enfant le suivait, portant une calebasse de vin, une guitare et un cahier de poèmes. Arrivé aux endroits qui lui plaisaient, il s'asseyait pour boire et jouer de la guitare. Il recherchait les sites pittoresques et étranges. Montagne de la Baguette, grotte des Nuages Verts, rivière Lai, embouchure Nga, il les visitait tous et les célébrait en vers.
Un matin, s'étant levé avant le jour, Tu Thuc vit du côté de la mer, à quelques lieues, cinq nuages de couleurs différentes qui s'épanouissaient à vue d'oeil et s'assemblaient en forme de fleur de lotus.
Inspiré par la beauté du site, Tu Thuc fit ces vers :
Il continua néanmoins sa marche à tâtons, sans quitter de la main la paroi moussue de la grotte. Le chemin était tortueux et étroit. Enfin il apercut une lueur. Il leva les yeux et vit au-dessus de sa tête des sommets très élevés. S'accrochant aux aspérités des rochers, il montait sans peine et le chemin s'élargissait peu à peu.
Il jouissait de cet enchantement, quand son attention fut attirée par deux jeunes suivantes vêtues de bleu. L'une disait à l'autre :
'' Le Seigneur est prié d'entrer. ''
''Vous qui vous plaisez parmi les sites pittoresques, savez-vous bien quel est cet endroit ? Et vous souvient-il de certaine rencontre prédestinée ?''
''Il est vrai qu'en fidèle amant des lacs et des fleuves, j'ai erré en bien des lieux ; mais je ne savais pas qu'il existât ici un paysage digne des Bienheureux. Simple mortel ami des loisirs, je vais où conduisent mes pas, ignorant tout de mon destin. Oserai-je vous demander de m'éclairer ?''
''Comment auriez-vous pu connaître cet endroit ? dit-elle. Vous êtes dans la sixième des trente-six grottes du mont Phi Lai. Ce mont court sur toutes les mers, sans toucher le sol nulle part. Né des vagues et de la pluie, il se forme et s'évanouit selon les vents. Je suis la tiên du mont Nam Nhac et mon nom est Nguy. Je connais la noblesse de votre nature et la qualité de votre âme c'est pourquoi je vous ai accueilli ici.''
Tu Thuc, levant discrètement les yeux, reconnut en elle la jeune fille qui brisa un jour la branche fleurie.
La tiên reprit :
''Ma fille s'appelle Giang Huong, l'Encens Vermeil. Quand elle descendit à la fête des fleurs, il lui arriva un malheur. C'est vous qui l'avez sauvée. Je n'ai jamais oublié ce bienfait sans prix, et je lui permets maintenant de lier sa vie à la vôtre pour payer sa dette de reconnaissance. ''
''Elle va du côté de mon pays. C'est bien loin, et je ne sais pas où il se trouve exactement, mais c'est par là...''
''Ce ne sera qu'une question de jours, de mois tout au plus. Que je donne de mes nouvelles à ma famille, à mes amis, tout sera vite réglé et je remonterai sans retard. ''
''Je ne pensais pas, dit-elle, le voir encore enchainé au Monde de Poussière Rose. Laisse-le partir... Pourquoi tout ce chagrin ?"
Tout lui apparut différent de ce qu'il avait connu autrefois, les paysages, les maisons et les hommes. Seuls étaient restés dans le même état les deux bords de la source dans la montagne. Il s'informa auprès des vieillards du village, en se nommant. A la fin, l'un d'eux se souvint :
''Quand j'étais tout petit, dit-il, j'ai entendu raconter que mon aieul portait ce nom. Un jour, il y a plus de quatre vingts ans, il alla dans la montagne, et il n'en est jamais revenu. Pour moi, il a dû tomber dans quelque ravin. C'était à la fin de la dynastie des Trân, et nous sommes maintenant sous le quatrième roi des Lê.''
Se sentant seul et triste, Tu Thuc voulut remonter d'où il était descendu. Mais le char s'était transformé en un phénix, et l'oiseau fabuleux, s'envolant, disparut dans le ciel.
Tu Thuc ouvrit la lettre et lut ces lignes :
De l'union d'antan, c'est déjà la fin.
Au-dessus des mers, qui cherche des traces d'immortels?
D'une rencontre future, il n'est guère espoir.
Plus tard, revêtu d'un léger manteau, coiffé du chapeau conique, Tu Thuc entre dans la Montagne jaune, au pays de Nông Công, dans la province de Thanh Hoa. Et il ne revint point.
On ignore s'il est remonté au royaume des tiên, ou s'il s'est perdu dans la montagne.