Kim Vân Kiều : Classique de la littérature
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Né dans le village de Nghi Xuan, province de Ha Tinh, au sein d'une famille de lettré et de mandarins Nguyễn Du occupa sous le règne de Gia Long les charges de grand chancelier puis ambassadeur en Chine avant de se retirer pour se consacrer à la littérature.
Inspiré d'un roman Chinois assez insipide du 16éme siècle, le Kim Van Kiều relate les aventures de deux jeunes gens épris l'un de l'autre, mais que de cruelles circonstances séparent pendant 15 ans. La jeune fiancé contraint à se vendre pour sauver ses parents car la piété filiale passe avant l'amour. Après une vie d'aventure mêlé souffrances et d'humiliation, Kiều est sauvé par une religieuse et retrouve Kim qui est maintenant marié à sa sœur Van à qui elle avait demandé jadis de la remplacer. Kieu vivra en ami auprès du couple.
Toute sa vie Nguyễn Du fut hanté par le remord d'avoir été infidèle envers la dynastie déchu. C'est dit on le drame intérieur qu'il à dit on transposé dans le Kieu. Mais ce roman doit sa célébrité à la profondeur des réflexions sur la destinée humaine, la vie, la guerre, l'amour ainsi que la pureté de l'âme...
Voici un extrait de cette œuvre classique traduite en français :
Un vieux manuscrit, feuilleté à la clarté de la lampe
Des temps anciens, nous raconte cette histoire d'amour: Sous l'empereur Gia Tmh, dynastie Minh,
Calmes étaient les frontières, bien assises les deux capitales; Lors vivait l'honorable Vuong, de moyenne fortune.
Le fils héritier Quan, cadet de la famille, étudiait, Continuant une longue lignée de lettrés.
Deux sœurs le précédaient, Thuy Kiêu, Thuy Vân,
Grâce du prunier en fleur, candeur de la neige;
Belles elles étaient, chacune de sa beauté propre;
Toutes deux belles à perfection:
Vân digne, épanouie telle la lune dans ses plus beaux jours, Avait le sourire de fleurs, une voix de cristal;
Les nuages n'avaient la splendeur de ses cheveux,
La neige la pureté de son teint.
Kiêu, l'aînée, d'une beauté plus incisive,
Supérieure en grâce, en talent, évoquait
Par son regard les reflets des lacs en automne,
Par ses sourcils la parure des bois au printemps;
Les fleurs en pâlissaient de jalousie
Le saule pleurait de n'avoir son élégance
Belle elle était, comme dans la légende
A renverser citadelles et cités.
Accablée par sa peine d'amour et le malheur de sa famille
Sous la véranda garnie de fleurs elle s'avança,
Chaque pas lui coûtait un torrent de larmes,
Fleur sous la pluie, battue par le vent, outragée par la rosée
E/le avait honte à regarder les fleurs;
La glace lui renvoyait l'image de son opprobre.
L'entremetteuse lui prit la main, caressa ses beaux cheveux.
Le visage de Kiêu n'était plus qu'un chrysanthème flétri,
Sa démarche était brisée, un prunier abattu.
On soupesa ses talents, marchanda ses charmes,
E/le dut jouer de la guitare, improviser des vers.
L'homme trouva la marchandise à son goût, savoureuse, épicée,
Le maquignonnage commença.